Quel est l’impact du conflit Israël-Iran sur les marchés financiers ? - (Olivier Colsoul)
Les marchés font face à de nouvelles préoccupations géopolitiques après les attaques d'Israël et des USA contre l'Iran.
Impact limité sur les marchés financiers de « la guerre des 12 jours » entre Israël et l’Iran
Alors qu’ils restent confrontés au risque d’une nouvelle aggravation des tensions commerciales, les marchés financiers doivent faire face à de nouvelles préoccupations géopolitiques, après les attaques menées par Israël et l’intervention américaine contre des installations militaires iraniennes. Bien que nous ne puissions que déplorer les pertes humaines et les souffrances causées par ces affrontements, ces évènements ont également réveillé le spectre d’une fermeture du détroit d’Ormuz.
Souvent brandie par l’Iran, la menace d’un blocage de ce détroit n’a jamais été mise à exécution. Plus de 20 millions de barils de brut y transitent chaque jour, soit un cinquième des flux pétroliers mondiaux de pétrole (selon l’US Energy Information Administration). Un blocage de ce passage ferait plus que sensiblement augmenter les prix de l'or noir, au-delà du seuil des 100 dollars le baril, selon certains experts.
Tension mesurée sur le prix du pétrole
Dans ce contexte géopolitique tendu, le cours du Brent a grimpé de plus de 10 dollars pour atteindre son plus haut niveau depuis trois mois. Toutefois, jusqu’à présent, le transit des tankers dans cette zone stratégique n’a pas été perturbé par Téhéran. En effet, la réponse iranienne aux frappes militaires américaines n'a pas ciblé les infrastructures énergétiques, ce qui a apaisé les inquiétudes et a permis une détente du prix de l’or noir.
Bien que la situation puisse se détériorer et que divers scénarios géostratégiques soient envisageables, un blocus du détroit d’Ormuz augmenterait la probabilité d’une intervention plus forte des États-Unis tout en interrompant les exportations de pétrole iranien, la principale source de revenus du pays. Cela entraînerait donc des répercussions économiques importantes. L’économie chinoise s’en verrait également pénalisée, étant la principale destination du pétrole iranien transitant par le détroit. En outre, une telle mesure nuirait aux relations déjà fragiles de l’Iran dans la région. Au regard de ces risques, un blocus serait une option coûteuse et risquée pour le régime iranien, affaibli, militairement, après les attaques récentes et, géopolitiquement, par le manque du soutien de ses alliés historiques.
Des contre-mesures envisageables
Sur le plan de l’approvisionnement pétrolier mondial, une baisse ou un arrêt des exportations iraniennes de brut (1,7 million de barils par jour), ne serait probablement pas de nature à déstabiliser l’équilibre entre l’offre et la demande. L’OPEP aurait en effet la capacité à augmenter sa production si nécessaire (5,3 millions de barils de capacité excédentaire selon l’Agence Internationale de l’Énergie). De plus, une poussée de fièvre du prix de l’or noir engendrerait peut-être l’utilisation des réserves stratégiques. En outre, une réorientation d’une partie des exportations de pétrole brut de l’Arabie saoudite et des Emirats arabes unis pourrait avoir lieu via des pipelines vers des installations situées à l’extérieur du détroit.
Toute augmentation soutenue des prix du pétrole affecterait les perspectives de croissance (à la baisse) et d’inflation (à la hausse). Cependant, compte tenu de la forte réduction de la dépendance énergétique dans la création de richesse économique au cours des 50 dernières années, l’impact potentiel pourrait être modéré. A cet égard, lors de la crise énergétique de 2022, le patron de la Fed avait déclaré qu’une hausse durable du cours du brut de 10 dollars augmenterait l’inflation de 0,2% et ralentirait la croissance économique de 0,1%.
Nervosité ciblée aux matières premières
Jusqu’ici, la volatilité des marchés financiers s’est essentiellement reflétée dans les prix énergétiques. Si aucune perturbation majeure de l’offre ne se produit, les prix du pétrole devraient pouvoir refluer. Cela étant, une prime de risque dans les prix persistera probablement à court terme.
Parce que l’avenir est incertain et que plusieurs risques sont impossibles à anticiper, il est judicieux d’opter pour une allocation d’actifs robuste et largement diversifiée. Les investisseurs ont déjà connu d’importants hauts et bas en 2025, et la volatilité accrue, pour le meilleur ou le pire, n’est sans doute pas terminée. Néanmoins, ils ont pu constater que les marchés actions et obligataires ont mis moins d’un mois à se redresser après l’annonce de nouveaux droits de douane américains début avril, à la faveur d’une désescalade tarifaire. Il n’y a plus qu’à espérer une désescalade militaire durable. Aux dernières nouvelles, en provenance du président américain, un cessez-le-feu entre les deux parties aurait été négocié.